Don Rosa LIVE on Sunday, December 13, 2020!
Video en replay ici sur Facebook ou sur Youtube.
-[Jano] Bonjour tout le monde, bienvenue au premier live de Don Rosa, je suis Jano et serai votre hôte ce soir. Habituellement à cette période de l'année nous sommes en tournée dans des conventions, à faire des dédicaces, parfois en Europe et même en Allemagne ou en France, mais avec les évènements de cette année, nous avons cherché un moyen d'apporter Don chez vous quand même, et je vois qu'on est déjà à 300 visiteurs, c'est super. Je suis Jano, vous me connaissez peut-être grâce aux réseaux sociaux de Don Rosa [il gère la page FB et habite en Allemagne] ou vous m'avez rencontré dans divers évènements. Don est déjà là, enfin pas techniquement ici mais chez lui, en backstage et il sera avec nous dans un moment.
Avant de démarrer je vais vous résumer les réseaux sociaux où vous pouvez suivre et échanger avec Don : Facebook et un groupe dédié , sur Twitter @donrosa, Instagram @donrosa et enfin Ko-Fi [mécénat]. Si vous appréciez ce live et voulez en voir plus souvent, soutenez-nous là-bas.
Sans plus attendre, merci d'accueillir en personne, le voici, Don Rosa. Hey Don !
-[Don Rosa] Hey, hello.

-Bienvenue.
-Ça passe, tu me vois ?
-Je te vois.
-Je t'entends, tu m'entends ?
-Oui je t'entends. Où te trouves-tu maintenant ?
00:02:30
-En effet je vais expliquer où je suis. Je suis dans mon coffre à comics [comics vault], c'est ma collection de quasi tous les comics américains publiés entre WWII et 1970, et quelques-uns d'après cette période, mais j'en ai revendu une bonne partie car je m'en suis désintéressé ensuite, le public étant majoritairement tourné vers Marvel et leurs super héros et quasiment rien d'autre depuis. J'adorais les super héros Marvel des années 60, mais les trucs des années 70 sont sans fin. Bref, c'est ma collection. Je pourrais prendre mon portable et me promener pour vous montrer de plus près. Evidemment je ne sais pas si vous êtes intéressés dans les comics américains, alors... C'est une pièce remplie de comics américains, j'en suis très fier. Beaucoup de mes succès ont été rendus possibles car j'ai eu de l'aide, par exemple ma popularité (apparente) grâce aux Duck fans [fans de canards], que j'attribue aux fans de Barks, qui ont apprécié mon enthousiasme pour ce que j'ai fait, c'est donc en partie avec leur aide. En revanche personne ne m'a aidé quand il s'agit de ma collection de comics, que j'ai commencée en 1953, quand ils coutaient la moitié de leur prix de couverture [pas compris s'il dit que les prix ont doublé maintenant ou qu'il les trouvait d'occasion à pas cher à l'époque], donc je ne me limitais pas et je collectionnais tout. Alors Jano, je prends le portable, tu crois que ça intéresse les gens ?
-Je pense que les gens veulent voir ta collection, oui. Tu devrais nous faire une visite.
-Tu sais si je débranche ce portable, je n'ai aucune idée de ce qu'il peut se passer, je te préviens.

-On verra bien.
00:04:18
-C'est débranché, tu me vois toujours ?
-Oui, tout le monde je pense.
-Voyons si ça marche [il se lève et se sert du portable comme d'une caméra tout en commentant].
Un peu plus près. Tout d'abord vous voyez mes plaques d'immatriculation, est-ce que je vise bien ?
-Oui.
-J'ai eu cette plaque chaque année depuis 1978, celle que je montre là. Vous avez les comics DC, tout le long de ce mur, sur les 3 premières rangées. Tous les comics DC depuis la WWII jusqu'en 1970, à l'exception des histoires de romance, ce sont des trucs pour les filles. Juste en dessous on a les EC Comics, collection complète, avant qu'ils ne changent de mode et de direction éditoriale. Ensuite ECG comics, les Harvey comics, j'ai tous leurs comics, qui sont, vous savez, Casper le bébé mort [description initiale, avant d'être simplement un esprit], Little Huffscof, Wendy the good little bitch [??, "Witch" en fait], voyons. Ce sont des comics de qualité, c'est quand Blackhawk a démarré. Puis tout en bas un set complet de guide de prix des comics US [ça doit faire un par an...]; jusqu'au tout premier, qui est sorti il y a 50 ans cette année. Ensuite, des magazines variés, deux sets complets de la Don Rosa Library [Fantagraphics], au cas où, pour quelqu'un qui en aurait besoin. Ensuite une collection complète de Playboy, les dix premières années [Jano se marre derrière en audio]. Ce sont les 3 icônes de la publication américaine : TV Guide, Playboy et Sports Illustrated. Et justement [se retourne], voici un set complet de TV Guide magazine ! Une de mes collections préférées, qui est des deux côtés [rangée centrale]. Ok, rapidement ici se trouvent des fanzines et quelques autres programmes tv. Ici se trouvent les Dell Comics, deux rangées dans cette direction. Et la première série de boites, mince j'espère que je ne vais pas faire tomber ce portable, ce sont les Four Color Comics [un titre chez cet éditeur], tous les 1340 numéros. Ce sont bien sûr les débuts de Donald Duck et tout ce que Dell a publié a d'abord démarré dans Four Color.

Mes comics historiques : voici ma première édition de Walt Disney's Uncle Scrooge [Four Color #386, contenant "Only a Poor Old Man"], qui appartenait à ma sœur, il y a toujours son nom dessus. Elle l'a laissé à la maison quand elle a déménagé, donc par droit c'est légalement à moi. Mon édition du Golden Helmet [Le Casque d'Or, Carl Barks, 1952] avec laquelle j'ai grandi, puis le numéro qui je crois contient l'histoire de l'omelette [Omelet (Carl Barks/1952), dans Walt Disney's Comics and Stories n° 146], je me demande comment ça a pu m'échapper entre des échanges pour des numéros de Superman en 1953, probablement glissé derrière un tiroir ou quelque chose du genre. Ici sont une édition américaine et une canadienne acquise récemment de mon histoire Son of the Sun [Le Fils du Soleil, 1987]. Voici un titre qui pour moi est très historique, car c'est la première fois que Dell a réimprimé un truc, c'était Goldkey à cette période. C'est quand j'ai découvert que d'autres gens aimaient les histoires par "le bon artiste" [the good artist = Barks], et c'est indiqué "réimprimé à la demande populaire". Ce sont tous les Dell comics de WWII à 1970, incluant Goldkey, Dell Western.
00:08:45
-Quelqu'un demande combien de comics se trouvent dans ton coffre ?
-Je l'ignore, 40 ou 50 000 ? Ensuite là dessous se trouvent les Atlas Comics [??], qui ont une étiquette bleue, comme les comics Marvel de fin des années 40, années 50 et début 60. En dessous encore se trouvent les étiquettes jaunes, enfin bref c'est une collection complète des Marvel jusqu'aux années 70. Il y a bien d'autre éditeurs plus petits, dont même les américains n'ont jamais entendu parler. Je doute que même les collectionneurs américains connaissent ceux-là, car avant les 70s.
00:09:28
-Les gens demandent si tu les as tous lus, est-ce que tu les lis vraiment ou collectionnes juste ?
-Je.. Voyons voir, je vais répondre dans une minute, laisse-moi m'asseoir et finir le tour. Tout en bas sur la dernière étagère se trouve chaque bouquin ayant des pages consacrées aux canards, surtout des canards version Disney, pas de Barks, des Donald Duck Little Book, Coloring Book, etc.
00 :10:12
-Quelqu'un veut savoir si tu as une liste de tous tes comics ?
-Dans ma tête.[respect !] Donnez-moi un instant, je remets le portable en place. Je le rebranche, car si je ne le fais pas… Vérifiez en silence parmi vous pendant que je fais ça.
-Je vais parcourir et énoncer quelques questions.
-Alors je l'ai rebranché, faut que je l'ajuste. Ok, on est de retour à la normale ?
-Oui, parfait.
-Si j'ai lu tous les comics ? Chacun de tous ces comics, j'en suis fan. Mais une grande partie ce sont des bêtises [garbage, qui est un peu plus fort comme terme], mais j'adore les comics. Tellement de titres sont embarrassants, maintenant en tant que professionnel dans le secteur (auteur, dessinateur), certains de ces trucs sont horribles, mais certains d'autres sont magnifiques. Beaucoup de DC, Marvel et bien sûr les EC comics, les Dells, ceux de Barks bien sûr, et de nombreux autres. Je n'ai jamais acheté un vieux comics que je n'avais pas d'abord parcouru, feuilleté, ou lu l'une ou l'autre histoire. Je ne vais pas tout lire non plus. Ce moment est affreux. Mais je suis un collectionneur, un complétiste : je prends le mauvais avec le bon. Ok, quoi d'autre ?
00:11:53
-Toujours des questions sur ta collection.
-Super, vas-y.
-Salut Don, est-ce que tu as le Superman #1 ? Il veut dire l'Action Comics.
-Non, non, penchons-nous là-dessus. Ce n'est pas paru après la WWII [date de 1938], bien que j'en ai quelques-uns qui datent d'avant, des années 30 dont quelques premiers Superman des débuts, j'aurais pu avoir ce numéro si je l'avais voulu, ça doit faire 10$ vers la fin des années 60. A cette période je suis entré en contact avec d'autres collectionneurs. Je me souviens qu'il s'achetait pour 300$. Avant que j’aie eu envie d'acheter le n°1, je voulais me concentrer sur les numéros jusqu'au n°1, dans une approche de collection et pas simplement le premier. Je n'ai pas envie de répondre à ce genre de questions, j'ai la plupart des numéros clés rares et précieux qui donnent de la valeur à la collection pour des investisseurs, mais pas des fans de comics. Ils ne sont pas plus importants pour moi que tous les autres numéros de la série ou collection dans l'ensemble. Je reconnais leur importance historique quand il s'agit d'une première apparition d'un personnage, mais je recherche un set complet d'abord. Ce n'est pas complet sans un #1, mais ce n'est pas non plus complet sans un #175. Donc si quelqu’un veut citer un comics, je suppose qu'on va revenir à une discussion sur les canards dans une minute, comme je le disais avant, ma collection de comics est un achèvement personnel, personne ne m'a aidé à le faire, donc j'adore en parler. Si quelqu'un - je suppose qu'il devrait être américain - veut citer le plus obscur titre américain auquel il peut penser, dans le sens du moins impressionnant, genre un #13 ou #75, s'il veut essayer de le citer et me défier de le trouver dans cette collection derrière moi, j'aborderais essayer ça.
00:14:00
-Vous l'avez entendu, si vous pensez à un titre que Don pourrait chercher et vous montrer, écrivez le ici dans le chat et on verra.
-Pas le premier numéro de ci ou ça, un truc bien précis. Très obscur, que personne n'aurait. Et je pense que je l'aurais. La première personne qu'on essaiera, si on veut jouer à ce défi de collectionneur, je dois établir quelques autres règles de base. Je n'ai quand même pas absolument tous les comics possibles et existants ayant jamais été publiés aux USA. Je peux citer rapidement, si on en vient à ça, ceux que je n'ai pas, ce qui représente une petite quantité, comparée à ceux que je possède. Ça dépend de vous. Je remets mes chaussures pour ne pas tomber [??]
-Quelqu'un demande jusqu'à quand va ta collection ? Quelle année ?
-70, 1970, j'en ai déjà parlé. J'ai tout vendu ce qui va au-delà de cette date, et tous ceux restant sont d'après la guerre, disons 1946, à 1970.
-Quelqu'un suggère : as-tu Southern Knights #3 ? Est-ce quelque chose que tu as ?
-Quoi ?
-Southern Knights ?
-Il n'y a pas de tel comics.
-Je n'en sais rien, laisse-moi vérifier.
-Je précise, jusqu'à 1970 et ensuite, non. Southern nights, jamais entendu parler, c'est probablement plus récent que ça [1982]. Et pour moi récent veut dire après 1970.
-Je ne sais pas si les dates sont bonnes, mais quelqu'un demande si tu as Chamber of Chills #19 ?
-Chamber of Chills #19 ? Je viens de geler [image figée en effet] à l'écran.
-Oui je crois que tu es figé à l'instant, on t'entend toujours.
-Je n'ai rien fait parce que je n'ai pas Chamber of Chills #19 ! Ah je suis de retour !
-Oui.
-Chamber of Chills ? C'est du Harvey Comics [1951 à 1954, 26 numéros]. Toujours là ?
-Oui.
-Je croyais que les gens voulaient parler de canards ! [Il sort la pile et cherche le numéro] Parle pendant que je fais ça, fais quelque chose Jano. Voilà le set complet de Chamber of Chill comics.
00:17:10
-Quelqu'un demande si Don Rosa n’a jamais rencontré Carl Barks ? Si c'est le cas, veux-tu en parler ?
-[revient avec le numéro et le montre à la caméra] Alors voyons d'abord je vous montre ça sans un reflet, pas facile. Voici le numéro #19 demandé. Est-ce le seul ? C'est le seul que je connaisse.

-Aucune idée.
-Voyez le numéro. Ok, je l'ai fait !
-Combien le perdant doit sur ce pari ? Vous pouvez le faire par Paypal pour avoir parié et perdu.
-[Jano se marre]
-Oh dans cette même boîte se trouve un "Boys Ranch" comics, de chez Harvey aussi, par Joe Simon et Jack Kirby. Ok qu'est-ce que j'allais répondre, quelle était la question ?
00:18:18
-Si tu as déjà rencontré Carl Barks ?
-Ah oui, pas très impressionnant. D'abord en 1998, quand je suis allé à la convention de San Diego [San Diego Comic Con ou juste Comic Con] - je range ça - c'était après qu'il se soit débarrassé de son soi-disant business manager qui a causé tant de soucis entre nous et pour lui, et Barks lui a fait un procès, et bref je ne rentre pas là-dedans, il en avait fini avec ça. Il avait entendu que j'allais être à San Diego, il habitait dans l'Oregon, juste un état au-dessus, il m'a invité à lui rendre visite, pour "nettoyer l'air" de toutes ces bêtises des 5 années précédentes. Alors avec Michael Namon [??], les gens regardent en ce moment depuis Mexico [??], il a pris un vol jusque-là pour un après-midi et Carl Barks nous a emmené à déjeuner, dans son restaurant favori, on est passés chez lui, on a discuté, il avait un ami à lui, Thomas [?], je pense en partie pour lui-même, pour montrer que les années écoulées n'étaient que de la propagande et finalement de l'eau avait passé sous les ponts. Les gens veulent toujours savoir de quoi on a parlé ! Rien de particulier, on a discuté de solitaire, il jouait à des jeux de solitaire, pendant 50 ans - pas une seule partie mais plusieurs ! - ou 60 ans, et enregistrait chaque partie. Il était fasciné par les victoires et défaites, qui formaient des vagues paraboliques sur des décennies [en faisant des statistiques, des graphiques] Il parlait de ça, il parlait de tout, mais je ne voulais pas parler de ces choses insignifiantes qu'il ne voulait m'entendre énoncer, il ne savait pas comment le gérer. Et j'ai appris ça moi-même maintenant, il était probablement nerveux ou mal à l'aise quand les gens voulaient parler, des adultes comme moi, de ses comics. Quand ils avaient 30,40,50 ans et de comment ces histoires étaient importantes pour eux quand ils étaient jeunes. J'ai appris combien ça peut me mettre mal à l'aise. Je ne sais pas comment réagir face à ça. Je n'ai jamais eu l'intention de devenir aussi important pour des gens, j'étais juste content de raconter des histoires à propos des canards de cet homme, et je savais qu'il ne voulait pas m'entendre en parler de cette façon, et je me suis abstenu. Et quand on est tous partis de chez lui, en sortant de sa maison, j'ai quand même pu lui glisser : "Vous savez combien vous êtes important pour moi, et tant de gens de ma génération". On a juste parlé de tout le reste, de l'art, etc. C'était ma rencontre avec Carl Barks.

CBarks.dk
00:21:26
Il y a eu une autre rencontre, une fois pendant ces procès, lui et son avocat, m'ont appelé, car ils voulaient une déposition contre... quelqu'un, je ne vais pas préciser, et il était au téléphone, Carl Barks était au téléphone, et je crois que son aide était aussi sur la ligne (autre combiné ?) Ils m'ont posé quelques questions, c'était des années avant notre rencontre en personne.
Ils m'ont posé quelques questions puis m'ont remercié et commencé à dire au revoir, alors je les ai interrompus, attendez, attendez, je réalise que c'est la première fois que j'ai pu parler à monsieur Barks, quelqu'un qui est plus important pour moi que mon propre père, c'est la première fois que j'ai réellement communiqué avec lui. Et ils me disent ok merci. On m'a raconté ensuite que l'aide a éclaté en sanglots, et moi aussi probablement.
C'étaient mes deux rencontres avec lui, ma réunion au téléphone et l'autre. Je l'a vu une autre fois, il était invité à une convention à Atlanta, et une convention marketing et produits dérivés, les gens qui... Je cherche le bon mot... Les propriétaires de boutiques de comics. Steve Jappy [??], des sociétés qui distribuent les comics à travers tout le pays et qui collectionnait les peintures de Barks. Comme moi, le même âge, évidemment c'est un énorme fan de Barks. Il avait invité Barks là-bas, en tant qu'invité spécial, et je m'y suis pointé, juste pour avoir une chance de le rencontrer. Et c'était quand il était mêlé à ses business managers, qui m'ont empêché d'aller à sa rencontre, mais il est entré dans une pièce une fois, et Steve Jappy m'a désigné, je ne me m’y attendais pas dans cette pièce. Il m'a donc présenté, mais je n'ai rien pu lui dire. "Voici Don Rosa".
Bref, si chaque réponse prend autant de temps, je vais être là jusqu'à demain !
00:24:00
-Ok voyons les autres questions. Je crois que quelqu’un a demandé comment Tuomas Holopaien en est venu à faire son album "Life of Scrooge McDuck" ? Tu nous en parles un peu ?
-Quoi ?
-L'album "Life of Scrooge McDuck" de Tuomas ?
-Album ? Musical, pas un comics. Oui. Comment c'est arrivé ?
-Oui, c'est la question.
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-C'est l'idée de Tuomas, de mon point de vue, il est venu avec cette idée, et comment ça m'a été révélé. J'ai fait quelques voyages régulièrement en Finlande, une à deux fois par an sur les dernières années, pour des raisons diverses, pas juste l'album mais certains problèmes, du sponsoring. Mais comme des américains regardent, ils vont penser que je blague, alors il faut que je dise comment ça se passe en Europe quand il s'agit des artistes des canards. Quand je me rends en Europe, dans une grosse ville comme Helsinki, surtout où les canards sont très populaires comme la Finlande, je ne suis pas simplement interviewé par la télévision nationale, je ne suis pas simplement mis à l'antenne dans l'actu ou les émissions matinales, ou la première page d'un journal, ils font carrément une conférence de presse. Ce qui veut dire qu'ils préparent un buffet/déjeuner, et tous les reporters des différents médias, station TV et journaux viennent dans une pièce, je ne sais pas mais plus grande que celle-ci, une vingtaine ou trentaine de personnes. Et je réponds à des questions posées par les reporters en personne, et ils notent une partie de l'entretien. Mais ensuite, chaque reporter veut sa propre interview privée, pour obtenir des faits qui ne seront que dans son article. Donc je fais ça pendant quelques heures, et ils arrivent et me disent "en fait cette prochaine interview n'est pas un reporter ni personne de rattachée à un média, mais une star du rock, et il voulait vous parler" Donc d'accord, tout le monde veut me parler. Ensuite il s'assied, de longs cheveux noirs, et peut être du maquillage pour les yeux, et du cuir noir. Je pouvais voir que - tout ce que je sais sur le heavy metal, c'est cette affreuse musique qu'on appelle le heavy metal... Je n'aime déjà pas la musique de ma propre génération, j'aime la musique des années 30, 40, 50, le jazz, le swing. Bref ce type s'assied, et il commence à me dire que comme beaucoup en Finlande, il a grandi avec les canards de Barks et mes histoires, en particulier ma série "Life of Scrooge" et qu'il allait écrire une bande originale, une série d'histoires, comme une BO de film. Et j'ai dit "uhuh, ok". Et il me tiendrait informé des progrès. Puis il est parti, et je me suis dit que ce serait la dernière fois que j'en entendrai parler. Je ne savais pas quoi en penser. Puis environ un an après, je reçois un email de sa part. Il a fini d'écrire la musique, et il a un enregistrement prévu avec l'orchestre symphonique de Londres. A ce moment-là je suis sans voix, abasourdi. Il est donc une star de ce calibre. Je vais donc devoir écouter ça et prétendre d'aimer ? Je devrais m'y résoudre quand le moment sera venu. Six mois plus tard il m'invite à venir, pour faire une vidéo Youtube pour la promotion de l'album. Oh ça va être intéressant ! J'y vais donc de toute façon, j'arrive à son studio d'enregistrement un peu à l'écart dans la campagne. Il veut me jouer certains morceaux terminés. Je mets donc un casque et j'écoute. Ce que j'entends n'est en rien semblable à du heavy metal/rock. C'est une symphonie, c'est comme un classique, une musique classique de bande originale de film, comme dans les années 40/50. J'ai beaucoup de hobbies [montre la salle], mais collectionner les bandes originales de films en est un autre. Je suis un grand fan de films, les gens le savent. J'ai une énorme collection de bandes originales de films. Et voici un type qui a écrit une bande originale symphonique pour la Jeunesse de Picsou ! Je l'écoute encore et j'ai à nouveau pleuré ! Je pleure facilement quand il s'agit d'émotions. C'était magnifique. Et bien sûr, s'il y a des fans de Tuomas qui regardent, quel gars sympathique ! Bien sûr je pensais aussi qu’une star du heavy metal allait être un gars étrange, présomptueux et que j'allais le détester. Mais c'est l'une des personnes les plus gentilles que j'ai rencontrées. En regardant les photos de Tuomas, je n'en ai vu qu’une portion, mais il est souvent comme ça [se tient les bras croisés en souriant]. C'est tel qu'il est, il est tellement gentil et humble. C'est un gars très sympa.
Et il passe alors certains des albums de Nightwish, qui commencent souvent par une magnifique symphonie, très jolie, avec un orchestre, quand soudain, bim bim bam [mime la guitare électrique puis se bouche les oreilles], et j'éteins, c'est horrible. Il s'en sort bien. Il me disait qu'il aimait aussi cette musique, mais que s'il devait faire autre chose ce serait l'écriture. Peut-être des séries tv, il regarde beaucoup de séries. Bref, voilà comment c'est arrivé. D'ailleurs l'artwork pour l'album, ce n'était pas un souci pour moi, mais je crois que je lui ai créé des ennuis. A partir d'une idée de sa femme, qui a suggéré Scrooge se tenant devant, avec la lune en arrière et le visage de Goldie à l'intérieur. J'ai réalisé ça en noir et blanc, comme je le fais toujours. Il l'a confié à son expert Photoshop pour la couleur, et l'a transformé en une peinture à l'huile que vous voyez sur l'album. Je ne peux pas dire que c'est de moi ni en retirer du mérite, ce n'est pas mon travail, simplement basé sur mon travail. Je ne sais pas faire ça, ni créer des couleurs, c'est un travail par ordinateur. Et je ne l'ai pas revu entre cette vidéo et la sortie de l'album. Il a fait une tournée de promotion. Les gens venaient me voir avec l'album en me disant combien ils aimaient la pochette, mais je devais leur dire que je n'ai pas vraiment peint cette pochette, c'est l'œuvre d'un autre à partir d'un de mes dessins. Et je pense que Tuomas n'était pas ravi que je dise ça, car il voulait un peu que les gens pensent que c'était de moi, ce qui aide les ventes. Est-ce mon art ? Peut-être, j'ai dessiné et un autre a encré et coloré. OK.
00:32:49
-Quelqu'un dit bonjour du Danemark. Don, pourquoi pensez-vous que les canards soient si populaires en Scandinavie, comparé aux USA ?
-C'est une question importante, à laquelle j'ai souvent répondu, mais elle est importante. Les canards étaient tout aussi populaire aux USA il y a 50 ou 70 ans, comme ils le sont toujours n'importe où ailleurs, de nos jours. A l'époque tous les gamins en Amérique lisaient des comics. Dans les années 50, à l'apogée des comics US, les collectionneurs appelaient les années 40 le Golden Age, alors que pfft c'est nul. Ils ont eu de super idées, Superman, Batman, et plein d'autres, mais la majorité des histoires étaient nulles. Pour les gens qui les réalisaient, ils ne voulaient pas faire ça, ils voulaient écrire pour des journaux. Carl Barks était différent. Il a démarré en 1942, il savait, comme les autres savaient, que c'était un "hackwork" [écrivaillerie : un travail sans soin, très formaté et mal reconnu], quelque chose dont on ne pouvait pas être fier. Mais Barks était différent, il avait un sens de l'éthique du travail, dans l’Amérique de l'époque, ce qui revient à dire Dieu, il faut que vous le sachiez. En ces temps-là, les gens avaient de l'estime pour eux-mêmes. Cela a gelé encore, mais je continue, vous m'entendez encore ?
-Oui, continue.
-C'est une belle pose pour être figé ainsi, j'aime bien ça.
-[Rires] C'est vrai.
-Je peux me reposer maintenant et arrêter de bouger les bras. Il était donc fier de son travail, personne ne lui a jamais dit que son travail était mauvais, et presque ennuyé d'être célèbre. Ah vous voyez je change de sujet comme d'habitude. Bref, c'est après la WWII que les soldats rentraient de la guerre, et commencèrent à vivre leur vie, leur carrière pour eux-mêmes, dans le civil. Et ce sont des gens qui ont grandi avec ces comics, ils ont acheté ceux du début des années 30 au début des années 40. Ils les aimaient, et pour eux il n'y avait aucune honte à en acheter et en lire, c'était l'âge d'or des comics, quand il y avait EC Comics par exemple. Bien sûr Barks ne serait pas inclus là-dedans, mais le meilleur de son travail y est un peu lié aussi. C'est quand vous aviez les meilleures années de presque -ah je suis de retour ! - tout, jusqu'aux 50s et même 60s. C'est l'âge d'or des comics. Aux USA on appelle... la façon dont c'était avant mais qui a été oubliée. Le Golden Age va jusqu'en 1946. Ensuite on a l'âge dont je parle, et on l'appelle l'âge atomique : la fin de la WWII, l'explosion de la bombe atomique, qui n'est pas un évènement plaisant mais un point intéressant pour démarrer, et c'est pour ça qu'on le nomme ainsi, il va s'étendre jusqu'aux 10 prochaines années, en 1956, date à laquelle les super héros des années 1940 sont revenus.
Ok, maintenant, la question !? Laissez-moi m'en rappeler... Pourquoi. Oui. A cette période, dans les 50s et 60s, les canards de Barks étaient tout aussi populaires ici aux USA qu'ailleurs. Un numéro avec des histoires de Barks se vendait chaque mois à 3 millions de copies ! Et s'il s'en vendait tant en 1955, à combien on devrait arriver en 2020 ? 10, 20 millions ? Non, à peine 20 mille copies ! Parce que le marché américain s'est écroulé au début des années 60. Les gens ont arrêté d'en lire, et c'est pourquoi vous avez Marvel Comics puis DC Comics, qui sont arrivés avec l'idée de diversifier les titres mais aussi de les relier entre eux, chaque numéro ayant un lien avec celui d'à côté. Quand j'ai grandi, chaque gamin aux USA achetait quelques comics par mois. Ce que Marvel a fait, c'est créer un système où ils obtenaient que le plus de gamins possible soient poussés à partir d'un numéro à acheter tous les autres (anciens et à venir). Pendant ce temps, Dell Comics et Goldkey Comics, qui avaient la licence Disney, et c'étaient les gros à l'époque, DC était genre le deuxième, Marvel encore très bas dans le classement. Dell, donc Western Publishing, était le plus gros éditeur du pays, en comics. Ils avaient l'argent, ils ne créaient pas de nouveaux personnages, juste une poignée. Tout était licencié, à 99,9%. Pas que Disney, mais MGM, Funny animals, Walter Lance. Ils avaient tous les feuilletons TV, tous les films. Pour chaque film qui sortait on trouvait un Four Color comics associé. Ils avaient les emplacements dans les journaux, et même Bozo le clown, qui est juste un personnage qui est apparu sur la pochette d'albums de musique. Ils avaient l'argent. Quand la vente a chuté, dans les années 60 - encore une fois je vais vous dire quand j'allais dans des conventions en 1969, DC et Marvel étaient en mauvaise position et se voyaient en faillite d'ici 5 ans. Le système de distribution des magazines était en rupture, ce qui veut dire qu'une nation entière, notre grand et vaste pays, dont la population est assez éparse géographiquement, ils auraient quand même 10 copies de chaque comics sur chaque présentoir de chaque boutique. Et à la fin des années 60, début 70, sur ces 10 ils en vendaient un ou deux, et ensuite devaient obtenir un remboursement complet et les renvoyer afin d'être détruits. Ils ne pouvaient pas survivre dans un marché pareil. Ce qui est arrivé pour Dell Comics, appelé alors GoldKey, ils ont vu ça arriver et qu'ont-ils fait ? Ils ont dit zut aux comics. On a des livres de coloriage, magazines féminins, des livres de puzzle [mots fléchés/croisés ?]. C'était le plus gros éditeur en Amérique, alors ils ont dit que les comics étaient finis, plus populaires, donc on arrête. On n'a alors plus eu de comics Disney dans les stands pendant un moment, ils essayent de les vendre en lots, ce qui est pire, pendant 10 ans. Durant cette période, le marché des comics a changé, passant d'un média de masse à un [??? 00:40:26]. Un ami à moi a contacté DC et Marvel, et leur a dit qu'au lieu de placer 10 copies identiques dans tout le pays et chaque magasin, en perdant de l'argent, on vous suggère autre chose. D'abord vous dites à l'avance ; oubliez les drugstores et petites boutiques, adressez-vous aux librairies spécialisées (les comic book stores) ; et vous leur dites dans 3 mois on va publier tel titre avec tel personnage, cet auteur, cet artiste, cet encreur. Combien voulez-vous en acheter ? Les petits pouvaient dire 6, les gros 50 et ils en imprimeraient le total obtenu. Et on parle toujours de milliers de titres par mois, ce qui est beaucoup pour le standard actuel. Rien comparé aux années 50. Et les magasins les achèteraient à ces conditions, cette fois non remboursables ! C'était comme imprimer de l'argent. Il y a eu un boom, jusque dans les années 90. Il y a eu de très nombreux titres, et le système sur mesure ne leur permettait plus de perdre de l'argent.
00:41:43
Quand j'ai commencé à visiter l'Europe dans les années 90, pour voir les grands pontes chez Egmont, je voyais encore des comics sur tous les kiosques à journaux ! Et tellement de gens en achetaient ! Et on me demandait à quoi ressemblait le secteur en Amérique. Je leur explique ce que je viens de vous dire, comment ils demandaient aux magasins la quantité à imprimer, leurs vendaient sans retour possible. Et le président d'Egmont on est resté bouche bée. C'est un rêve impossible. Ils gagnaient bien plus d'argent que DC et Marvel n'en faisaient à ce moment-là, mais un tel système était incroyable. Mais avant que je continue, les Funny Animal comics, un comics Disney, qui était toujours le plus populaire aux USA, - tout comme Barks était très populaire partout ailleurs dans le monde - ne faisaient pas partie du changement. Ils ont disparu pendant une demi génération. Quand Gladstone comics, d'autres amis à moi, a récupéré la licence pour publier du Disney en Amérique, comment un groupe de 3 collectionneurs pouvait avoir obtenu ça ? Parce que personne d'autre n'en voulait. Quand ils sont revenus, personne ne collectionnait plus ces titres, ils étaient vus comme des publications pour enfants, les collectionneurs n'en voulaient pas. Le seul endroit où on voyait un Mickey ou un canard était sur des t-shirts à Disneyworld. Et ils n'ont jamais rattrapé cette partie. Et en vérité dans les premières années de Gladstone ils s'en sortaient pas mal, comme plusieurs centaines de milliers de copies d'un titre avec Scrooge, environ 1987/88. A cette période les ventes générales de comics chutaient quand même, naturellement. Et même en Europe. C'est comme ça qu'est la culture maintenant. Au moins en Europe ils ont tenu 40 ou 50 ans de plus qu'ici.
Nous avons toujours des "Disney" comics, et je le mets entre guillemets, parce que Disney n'a absolument rien à voir là-dedans avec des licences de publication indépendantes et du personnel en free-lance, qui n'ont jamais rien eu à voir avec Disney. En tout cas, ils sont toujours publiés par IDW. Le dernier Gladstone à être paru s'est venu à 3 000 copies par numéro, sur toute l'Amérique du Nord, et probablement une grande partie vendue aux collectionneurs européens. 3000 ! Un Donald Duck un Aku Ankka ou ?? [Différents titres européens] se vendent à une quantité bien plus importante en Europe, plus que 3000 copies. C'est peut-être la quantité écoulée dans un seul quartier ! Donc le problème est, vous voyez, aux USA les comics ne sont pas (plus) un média de masse, mais de collection, de culte de la collection. Ils sont destinés à être des objets [pas achetés pour le contenu]. En Europe ils sont emmenés jusqu'à l'acheteur, placés dans des kiosques, comme tous les magazines. Et donc pas destinés à être un objet, mais distribués. En Amérique, on place le titre au magasin, et c'est le client qui vient au store chercher son objet. Parce que la distribution coûte de l'argent. C'est pour ça, même sur les comics américains, les histoires de Barks étaient les titres les plus populaires dans ce pays dans toute l'histoire des comics, ils ont disparu et n'ont jamais pu revenir à un tel niveau. Alors qu'ils n’ont jamais disparu en Europe. Bénie soit l’Europe, les européens ont un sens de la créativité, là où les jeunes américains ne cherchent que la nouveauté. Ils ne prennent pas - celui-là a 2 ans ? non merci - il faut que ça soit nouveau, ou alors quelque chose en rapport avec Star Wars, là ça peut être un peu vieux.
Ok, encore une réponse bien trop longue. Donnez-moi des questions avec réponse à un mot !
00:46:05
-Aucun souci Don. Je pense qu'il y a encore des questions dans le chat.
-Il y a encore quelqu'un ?
-Oui, près de 700 personnes.
-[fait mine d'être épuisé] D'accord
-Je pense qu'une question assez intéressante arrive. Quel est votre partie préférée dans le fait d'être Don Rosa ?
-Je ne suis pas sûr de...
-Que préfères-tu dans le fait d’être ce cartoonist ?
-La meilleure partie pour moi en ce moment est d'habiter au milieu d'un terrain de 80 acres [1 acre = 4000 m² !], faire des confitures et passer du temps avec ma femme, avoir des bons diners. Je ne sais pas en fait. En Europe je suis perçu comme quelqu’un qui attire des foules, des files d'attente de 10 heures. Mais ce n'est pas moi, c'est une version abstraite étrange. Je suis un excentrique solitaire, je suis reclus, je vis au milieu d'un terrain de 30... Euh 11 hectares et je n'en sors jamais. J'en sors à peu près une fois par semaine ou toutes les deux semaines pour aller à une quincaillerie ou faire des photocopies, dans le genre. Ma femme sort plus souvent pour faire des courses. Maintenant, au cours des 9 derniers mois, c'est encore moins [pandémie 2020] et j'aime encore plus ! A chaque fois qu'on sort, je dois sortir et acheter plus, pour que ça dure plus longtemps (sans avoir à ressortir). C'est le meilleur pour moi en ce moment. Je me sens coupable que cette situation mondiale ne m'affecte pas du tout. Je me sens coupable, cela affecte de façon terrible des tas de gens, dans leur travail ou même leurs vies. Et leur santé mentale. Tellement de gens ont besoin de sociabiliser, ils ont besoin de voir des gens, d'être avec plein de gens. Et je me rends compte, j'ai toujours aimé être seul, et il se trouve que dans l'année 2020, que c'est mon super pouvoir de mutant ! Je peux vivre cette période comme en quarantaine et je m'y plais. Alysa [sa femme] ça lui plait aussi. Enfin je crois. Je peux réaliser beaucoup de travail. La seule fois où je sors aussi habituellement est pour me rendre à des conventions. Et habituellement à la maison, un autre aspect que cela montre sur ma vie, quand je vais à des salons et que je voyage, ce sont les seuls moments où je ne suis pas végan. Nous sommes végétariens, sauf une fois par semaine, le dimanche soir, on mange absolument ce qu'on veut. Depuis que j'ai commencé à aller à des conventions, je n'ai pas le choix que de me rendre dans le restaurant de l'hôtel ou celui dans lequel on m'invite. Et j'y prends 3 grands plats nourrissants, tous les jours, avec beaucoup de calories. Et depuis que j'ai arrêté car on reste à la maison tout le temps, j'ai beaucoup plus travaillé dans ma préservation [une partie de sa propriété est une sorte de réserve naturelle pour animaux d'après des photos récentes], j'ai perdu 20 livres sans même essayer ! [9 Kg]. C'était sympa. Donc j'en ai vraiment bénéficié. Mais j'espère que d'ici la fin de l'année prochaine, je pourrais redevenir l'autre genre de Don Rosa pour rencontrer les fans, ce qui me manque. Comme Jano l'a dit c'est l'une des raisons pour laquelle nous faisons ceci, pour garder le contact. Je ne vois que moi dans l'écran mais je suppose qu'il y a d'autres gens de l'autre côté.
00:50:10
Cette personne veut probablement savoir ce que c'est d'être si célèbre, pour faire quelque chose que j'aime. Et je comprends ça. J'ai toujours - vous avez vu ce livre ? entendu parler de ce livre ? "I still get chills»? [DON ROSA - I STILL GET CHILLS ! The amazing life and work of Don Rosa, 2017 = "J'ai toujours des frissons"]. J'ai dit ça tellement de fois dans cet entretien pour le texte de ce livre qu'ils en ont fait le titre du bouquin ! Cela vous donne des idées sur ce que je ressens. Si vous m'aviez dit, en 1980-85, quand j'avais 30 - 35 ans, qu'un jour, je deviendras -tel que je le comprends - le plus célèbre auteur et dessinateur contemporain d'histoires de Picsou... Évidemment c'est absurde, c'était le meilleur espoir de ma jeunesse, et c'était imaginaire, rien que je n'aie considéré de façon sérieuse. Puis les choses sont arrivées et je suis en quelque sorte tombé dedans. Beaucoup connaissent l'histoire : je cherchais du travail chez un tout petit éditeur dans l'Arizona rural, et en l'espace de deux ans, j'ai découvert comment ces magasins de comics étaient populaires, toujours populaires à travers le monde, alors que je les croyais oubliés depuis longtemps. Et il s’avère que ce sont toujours les meilleurs endroits pour vendre des comics à n'importe quel endroit sur la planète. Sauf en Amérique. Alors je suis allé travailler du plus petit éditeur au plus gros, et ensuite... c'était il y a 30 ans... Et nous voilà. Que pensez-vous que je ressente ? J'en ai toujours des frissons ! Ce n'est pas réel. Changeons de sujet, ou je vais me mettre à pleurer devant la caméra.
-D'accord, donc une information rapide parce que des gens demandent si vous avez des éditions internationales de vos histoires et si vous pouvez montrer votre collection de [???], je crois l'avoir déjà vue un millier de fois, et tu ne peux pas parce que ce n'est pas dans cette pièce.
-D'accord, la prochaine fois... à quelle fréquence allons-nous faire ça ?
-Je pense que les gens sont très contents donc on peut faire ça plus souvent.
00:52:40
-Alors chaque fois dans un endroit différent. La prochaine fois dans mon pseudo studio. Et c'est là que se trouve un mur complet, avec des étagères bien plus hautes que celles-ci, remplies d'éditions internationales hardback [reliées] de seulement mon travail. Je ne sais pas si n'importe quel autre auteur en Amérique pourrait avoir... peut-être que certains pourraient avoir des livres paperback [brochés]. Et je regarde ça, avec une immense fierté et un grand étonnement, et je ne suis pas millionnaire. J'ai des étagères complètes de livres avec juste mon nom dessus. Et je ne suis pas payé pour aucun de ceux-là, je suis seulement payé pour les plus récents. "Un peu" [en français dans le texte], un peu. Ce à quoi je ne m'étais jamais attendu. Je ne gagnais jamais d'argent pour ça, même quand je me suis lancé là-dedans il y a 30 ans. Je savais qu'il n'y avait pas d'argent à se faire. Mais c'était mon rêve. Mais oui on fera une autre vidéo là, et ensuite la prochaine fois dans ma bibliothèque, avec ma collection de livres que je veux montrer. Je m'adresse aux Européens qui regarderaient ceci sans être intéressés par les comics américains, alors on ferait le show dans la bibliothèque, où je serais entouré de romans américains. Vous n'êtes pas forcément intéressés par ça, mais moi oui, alors voilà. On essaiera ça, et chaque fois les gens pourront suggérer où le faire. Même pour l'été on pourrait se mettre sur la terrasse, par une belle journée, ça serait sympa. Et une fois on pourrait le faire dans la douche. Ah non faut pas exagérer.
-Probablement pas.
00:54:15
-Non non. Mais ce genre de choses. Donc la prochaine fois on le fera dans mon studio.
-Les gens disent qu'ils rient en regardant, qu'ils pourraient te regarder toute la journée, suggèrent de le faire tous les jours, mais ce serait probablement trop souvent.
-Personne n'a un autre défi de comics ? Chamber of Chills #19 ça m'a impressionné. Est-ce qu'on sait qui a demandé ça ?
-Aucune idée, c'était il y a environ un million de commentaires plus haut. Je n'arrive plus à suivre.
-Combien de spectateurs maintenant ? 1 million, vraiment ?
-C'est comme ça que je le ressens oui.
-Combien sérieusement ? Combien ?
00:55:15
-Je ne peux pas... ça ne le dit pas... j'ai environ 700 visualisations en cours. Ah une question, Peter demande quels genres de livres tu aimes, quelles influences d'auteurs en particulier ?
-Oui, je devrais garder cette question pour quand on sera dans la bibliothèque. Tous les livres que j'aime sont terminés. Je ne collectionne que -et ne lis que - des séries de livres, je suppose que ça reflète le fan de comics en moi, je ne lis que des livres sur des personnages qui sont repris dans l'histoire suivante. Comme Sherlock Holmes, [??] et[??] et des centaines d'autres. Beaucoup sont des mystères, ou des livres d'aventures, comme Alain Quartermain, qui a essayé de [??] et les mines du roi Salomon. Il y a un gars, George MacDonald Fraser, qui est décédé maintenant, comme tous les autres, qui a écrit des livres entre les années 70 et 90. J'ignore s'il m'a influencé, au même titre que Barks l'a fait, il écrit beaucoup d'aventures historiques, j'en lis beaucoup, qui ont souvent été écrites dans les années 60, jusqu'au présent presque. On y trouve les guerres napoléoniennes, qui sont principalement des guerres navales, les nouvelles de Sharpe par Cornwell [Bernard Cornwell]. Mais George MacDonald Fraser écrit des histoires extrêmement recherchées à propos d'un personnage nommé Flashman. C'est un officier britannique, et il vit à travers le... la fin du ... non tout le XIXe siècle. Ce sont des histoires qu'il raconte à ses petits-enfants lorsqu'il a 70 ans. Non il ne peut pas leur raconter ça, c'est trop scabreux, il leur raconte seulement la version édulcorée. Des chroniques, voilà. Que l'on peut lire, ce sont ses premières aventures. Elles sont tellement bien documentées et recherchées que ça en est presque absurde. A l'arrière, vous aurez - le livre que je lis en ce moment d’ailleurs... j'ai perdu le nom. Il s'agit de Johnnen Brown [??] et l'attaque qui a conduit à la guerre civile - à la fin de chaque livre, il y a au moins 30 pages, non peut-être 20 de notes référençant les évènements du livre, parfois un chapitre complet, au moins 70 notes différentes... Vous avez vu ce que j'écris, de courts textes, pour faire référence à des recherches. Lui, il a une section complète du livre. Et bien sûr, comme il vit tout au long du XIXe siècle, il me semble qu'il se rend dans chaque lieu important, et rencontre chaque personnalité de l'époque. J'ai eu quelques personnes qui sont venues me voir et me dire :"Votre jeunesse de Picsou, vous ne trouvez pas que c'est plutôt absurde que Picsou se retrouve à certains endroits au bon moment avec ces gens célèbres ?" Comment répondez-vous à ça ? Parce que c'est exactement ce que j'ai voulu ! Que voulez-vous dire ? Je l'ai placé là exprès ! Dans Flashman c'est beaucoup plus de célébrités et lieux importants, avec des moments plus incroyables de l'Histoire que Picsou. Et le meilleur c'est que ces histoires sont drôles, elles sont "tongue-in-cheek" [qui est drôle, à ne pas prendre au sérieux], un peu à la manière d'un sketch des Monty Pythons. Les situations absurdes dans lesquelles ce gars se retrouve, les dangers auxquels il fait face, il se vante d'être un lâche, tout en ayant beaucoup de scènes de sexe, pas pornographiques non plus, mais vous devriez en lire un.
J'aime aussi les Patrick O’Brian et Alexander Kent, et les guerres napoléoniennes ou aventures navales. Des nouvelles de mystères favorites : évidemment Rex Scalp, Year of Wolf [??], la meilleure série de détective. J'y reviendrai plus tard et je vous montrerai ma collection complète de tous ces auteurs, pas complète encore, il me manque encore des titres de Rex [?]. J'ai des premières éditions de ces livres, j'aime les livres d'aventures comme je disais [???] j'ai un set presque complet. Je ne parle pas de livres brochés, mais soit des premières éditions ou des premières réimpressions. Je ne collectionne que des livres reliés, et ils sont si faciles à obtenir sur eBay. J'ai un set complet d'Edgar Rice Burroughs, des livres reliés, en général [??], des premières réimpressions avec des illustrations. Ils ne coutent rien, les gens n'achètent plus de livres désormais. Je peux avoir une édition originale d'un
J'ai besoin de questions plus courtes, enfin de donner des réponses plus courtes, je n'en donne jamais à quoi que ce soit.
-Les gens disent apprécier et que tu pourrais même prendre plus de temps pour répondre, donc ça va...
-Ok.
-Nous avons beaucoup de questions, nous devrions traiter le sujet que beaucoup se demandent.
01:01:45
As-tu des histoires inédites en stock ou pas finies ? Peux-tu en dire un peu à ce sujet ?
-Version courte : non. Une des nombreuses raisons qui font que j'ai arrêté. Une idée donnée par quelqu'un était de faire une histoire sur le mois où Scrooge a kidnappé Goldie au Klondike, mais c'est la dernière et j'ai senti que j'avais tout dit après celle-là. Aussi je l’ai tellement aimée que je ne pense pas pouvoir faire mieux après. Pas de chose inachevée, mais des idées non répondues : qu'est-il arrivé aux parents des neveux ? Impossible à répondre.
01:03:45
-J'ai trop de questions qui défilent. Que pensez-vous de Donald en tant que personnage, qui est soit un stéréotype (bibliothèque d'Alexandrie) soit un sauveur, un héros dans d'autres histoires ?
- Quand j'ai travaillé en Europe, en interviews, on me disait que Donald est très populaire (Europe), et qu'ils (public) le prenaient pour le personnage principal, alors que nous (USA) pensons que c'est Picsou, parce que (non, pas à cause de l'argent) car les histoires de Barks sortaient chaque mois dans des histoires d'anthologie (Donald Duck stories de 10p chacune), "Walt Disney' Comics and Stories", très souvent de Barks. Les premières éditions (Four Color Comics), pour environ 20 à 25 numéros d'histoires de Donald, avant qu'il ait son propre titre, mais ensuite les histoires plus longues n'étaient pas de Barks. Mais en 1952, Barks a créé ce personnage que les lecteurs ont beaucoup apprécié, et l'éditeur a décidé de sortir un titre dédié (Picsou) dans Scrooge Comics. Et dans ce titre des histoires de 30p environ de Barks avec de superbes histoires, parfois plus courtes car associées à d'autres persos, les meilleures histoires selon moi. La sortie d'un nouveau numéro tous les 3 mois était très attendue pour un fan ou un enfant. Un nouvel Uncle Scrooge sortait, c'était Noël ! Et 3 mois pour un enfant ça semble l'éternité à attendre.
Et dans ces titres, Donald est devenu le side kick, le personnage secondaire et comique (peut-être même un faire-valoir ?). Et donc depuis pour les américains, Scrooge a toujours été le personnage principal. Donald n'avait plus d'aventures à lui (de grande taille, au-delà des 10 pages, et comme à ses débuts, avant 1952).
En Europe il y a eu quelques publications de Picsou, mais toujours des publications Donald hebdomadaires dans plusieurs pays (et même des magazines de Mickey, houuu n'en parlons pas ^^), et là c'est Picsou qui est secondaire, le gars en arrière. D'où la différence de perception pour moi que c'est bien Picsou le personnage principal dans l'œuvre de Barks.
Ai-je bien répondu ? Jano, arrête-moi quand je pars trop loin et que je finis par ne plus savoir quelle était la question.
- Non les gens adorent :)
01:08:33
-Un avis sur les anciens héros de comics pulp ? Je crois que tu aimes the Shadow n'est-ce pas ?
-Oui j'apprécie et j'ai mentionné un message laissé il y a peu. Je parlais des raisons d'avoir une telle collection de comics commencée quand ils valaient moins de la moitié de leur prix en couverture. Je n'ai jamais commencé de collection pulp, mais maintenant les comics de Shadow peuvent monter à 4 ou 500 $ je crois. J'ai toutes les histoires dans des version réimprimées dans ma bibliothèque (hardover). De tous ceux dont j'ai pu me débarrasser (j'ai fait un grand ménage dans ma collection, à parti des numéros années 70 et suivantes), il reste un petit lot que j'ai gardé : Mike Kalutas' Shadow comic book [avec Denis O'Neil en 1971, ndlr]. C'est pour dire à quel point j'apprécie the Shadow. J'ai une image de l'auteur en train de dessiner le titre dans ma bibliothèque.
Quoi d’autre... aucun comic book Shadow d'origine, car terminés après WWII. J'ai quelques titres de chez Street & Smith, j'ai peut-être un Shadow là-dedans puisque j'ai toute la série, mais pas ce titre en particulier.
Doc Savage est un autre héros auquel je pense, j'ai une set complet Doc Savage paperback, mi-60 à récemment, j'ai un set complet, premières éditions, un exemple de choses que je collectionne sans les lire. J'ai essayé, c'est idiot, je ne le comprends pas, je trouve ça enfantin. Je devrais en lire plus pour me refaire une idée. Mais the Shadow, alors ça, oui c'est magnifique.
D'autres ? Il y a eu un Big Bad of Pulp réimprimé, des titres des années 60 à 70, j'ai tous ceux-là. [??], le Phantom Detective, the Avenger (singulier) pas ceux de Marvel, des films etc. mais la version pulp (voir chez Street & Smith). Je collectionne [national hamic book] ? et des livres tels que Black Mask, deux sets complets de l'œuvre de [Zen Grey] ? et [Max Morande] ? Je lis ces titres, il faut les apprécier comme des éléments de magazines pulp et fiction, sous le terme 'Pulp fiction', ce que sont les comics pour moi.
Mais Doc Savage est trop dans ce genre. Parfois je pense à Edgard Rice Burroughs, très populaire, plus que moi. En fait ici à Louisville (Kentucky), je vais vous dire l'histoire, vous n'avez rien demandé, mais ce n’est pas grave. A l'université de Louisville, se trouve l'une des plus célèbres collections d'Edgard Rice Burroughs [Tarzan, John Carter], [??] précédemment appartenu à un homme dénommé George T. McWhorter, qu'il a offert aux archives de l'université et est devenu le directeur permanent de la collection de livres anciens / de collection / archives. Il n'a pris sa retraite que récemment il est assez vieux maintenant [apparemment il est décédé cette année] Et c'est maintenant, ici à Louisville, que se trouve l'une des collections publiques les plus importantes de Edgard Rice Burroughs (pulps et autres) dans de belles boites d'archives qui les protègent. Il n'a peut-être pas eu assez d'argent pour cela, les livres n'ont pas le même budget que le programme de football ou basket. Il m'a contacté pour faire une commande commune de ces boîtes derrière moi, c'était dans la fin des années 70. On a dû en acheter 1000 je crois. De nos jours ça coûte 7 ou 8$ pièce : elles sont 'acid free' [pas de plastique, que du carton ?], avec couvercle, qualité pour l'archivage. C'est le genre de boîte pour les bibliothèques ou le Congrès je suppose. On réunit donc nos commandes, ce qui fait baisser le prix unitaire à environ 1$, pour environ 1000, je crois en avoir gardé 700, la majorité, et même ensuite j'ai dû en recommander plus, de telle sorte que j'en ai eu 1000 rien qu'à moi. Vous voyez derrière au fond cette masse grise ? Ce sont celles qui ont été vidées lorsqu'un ami m'ai aidé à vendre une partie de ma collection des années 1950 et suivantes. Elles sont pliées et je ne pense pas les remplir à nouveau un jour. C'est ce qu'il reste de ce lot. Le reste a été utilisé pour placer mes nouvelles acquisitions depuis, cela fait un moment. C'était mon histoire d'Edgard Rice Burroughs qui le lie à cette pièce. J'en oublie la question de départ... ah oui les pulps. Est-ce un européen qui me demande ça ?
-Aucune idée.
-C'est sérieux, parce que les européens en savent plus sur l'histoire des comics books et de l'industrie du divertissement en Amérique que n'importe quel américain. Les gens ici ne s'intéressent qu'à la nouveauté, qu'à ce qui sort, ils ne s'intéressent pas au passé ou aux magazines pulp, à [??] and comics par [??] à [??] par Alex Raymond, ni à Tintin, ils ne connaissent que le nouveau. Les européens connaissent les vieilles musiques américaines, films, comics. J'ai grandi aux USA et je n'ai jamais vu un Mickey par Floyd Gottfredson dans les journaux en strips, alors qu'ils ont été publiés en Europe. Les européens ont grandi avec, et moi non. C'est aussi pour ça que je ne m'intéresse pas à Mickey. On me dit vous devez lire Gottfredson. Et enfin Fantagraphics a publié ce titre, j'ai pu essayer. J'ai essayé mais je n'arrive pas à y rentrer. Si Barks l'avait fait en revanche... [Si pas d'appel à la nostalgie de ses lectures d'enfance, ça ne marche pas, ndlr]. Bref. Les européens en savent tellement plus que nous. Par exemple je n'aurais jamais cru qu'ils connaissent les magazines pulp, et ça m'a surpris.
Voilà, demandez-moi un autre titre.
-Je voulais revenir là-dessus, nous avons une question/défi: avez-vous Batman #253 avec the Shadow sur la couverture ?
-253 ? Quelle année ça serait ?
-Je crois 1973.
-Ok. Non, je m'en suis débarrassé.
-Trop tard ?
-Si vous allez sur eBay, peut-être que vous verrez un Batman 253 vendu avec un certificat comme celui-là. [Certificat dessiné par Don Rosa, avec sa signature et des canards en mode super héos : on voir un Donald Superman et un autre en Batman, un Hulk, etc., le tout sous plastique]

La lumière crée des reflets ce n’est pas facile de vous le montrer. Tous les comics vendus l'ont été avec ce certificat, à l'époque avec Steve Wyatt, quand ça venait de chez moi, donc ça peut se retrouver dans les ventes en ligne. Au fait maintenant Steve Wyatt a ma collection quasi complète de figurines de canards. Je m'en suis finalement débarrassé, je sais que je l'avais depuis longtemps, mais ça a commencé par me déranger plus que ça me plaisait, car ce ne sont pas des produits de Barks mais des produits Disney. Mais pour autant que je sache j'avais presque la totalité des Donald ou Picsou existants, des neveux ou de Daisy a jamais avoir été produits sous forme de figurine. Je m'en suis lassé et je les ai vendus. Je ne les ai pas touchés depuis des années [la poussière sur ce genre de trucs !] Donc finalement il a suggéré de les prendre avec lui en Californie et d'en vendre une partie, il a pris une commission bien sûr, comme il l'a fait avec les comics. Peut-être en 2021 vous verrez Steve sur eBay avec un autre certificat pour vendre ces trucs. Ça remonte au moins au début des années 40 pour certaines. Certaines je n'ai jamais pu en avoir car elles étaient hors de prix et anciennes, mais elles étaient [??], ne ressemblaient même pas de loin aux personnages de Barks. Et je ne voulais pas gaspiller d'argent sur celles-là. Et parfois sur les enchères j'ai pu perdre pour même pas un dollar de différence. Les vendeurs les mettent à des prix délirants maintenant. C'est comme les comics, ce ne sont que des comics, il y a de tous les prix et certains peuvent valoir très cher. La seule façon pour moi de les obtenir était de réaliser des commandes [commissions] privées. Sur eBay une fois, alors que tout le monde a un pseudo, je suis juste Don Rosa, et certains s'étonnent "êtes-vous LE Don Rosa ?". Je dis je pense, puisque je dors avec sa femme. J'espère bien être LE Don Rosa. Et on me demande de faire un dessin. Je vous paierai. Je ne me sentais pas à l'aise de prendre de l'argent d'un fan de canards. Puis j'ai oublié de qui était l'idée, on communiquait, il m'a vendu une figurine ; si je trouve une figurine de canard sur eBay que je veux mais qui est trop chère, et ça fait beaucoup, certains montaient à 500$, des jouets mécaniques des années 40, ou des 50s, des investissements. Il m'a proposé d'acheter un jouet qui m'intéresse, mais trop cher, je le prends pour vous. C'est un échange, je n'avais pas demandé combien il me paierait pour le dessin, peut-être 2000$, je ne sais pas. Il achète le jouet et enchérissait, sans savoir quel serait son maximum. J'avais ensuite le jouet et tout ce que j’avais à faire était de dessiner en échange. Et le gars qui le vendait a peut-être eu encore plus que ce que ça valait, donc c'était un win/win/win. J'ai aussi fait ça pour des comics. Seulement 2 ou 3. Premier numéro de [Rossaline ???], dont j'avais une copie, mais moins bonne. Premier numéro de Mystery & Space, il me manquait des pages. Et j'ai fait pareil, quelqu'un achetait le numéro et je réalisais un dessin. Mais quelqu'un a payé 2 ou 3000 $ le comics, je ne mets pas autant dans un comics d'occasion, c'est délirant. C'était il y a environ 10 ans que j'ai fait ça. Bref je dis juste que les jouets seront en vente.
Je ne sais plus est-ce que je répondais à une question ou je divaguais encore ?
-Oui.
-Quelle était la question ?
-Je crois qu'on a dévié quand tu n'avais pas la copie de Batman.
-Je n'ai pas gardé cette période. J'ai de la chance de garder les numéros de Mike [??]
-Peut-être as-tu gardé le Showcase n°4 d'octobre 1951 ?
01:24:25
-Ah quelqu'un a juste choisi un comics très célèbre ! Evidemment je l'ai ! J'ai acheté une collection des Showcase comics depuis un seul vendeur, dans les années 70, en état parfait. Un set complet. Arrêtez avec ça, s'il vous plait. Choisissez un numéro obscur !
-Peut-être que les gens ne savent pas.
-Je vais en trouver un, attendez une minute. J'ai besoin d'un boite Showcase. 1 à 55, juste ici.
Les sachets plastique se collent entre eux. Il est là, voilà, c'est tout ce que vous verrez. Je veux un titre obscur !
-Ok alors Journey into Mystery #12 ?
-Journey into Mystery #12 ? ok.
-Je crois que tu as gelé ah non c'est revenu.
-Premiers 35 numéros de Journey into Mystery. Ah c'est au fond, ça c'est Jane in the Jungle, vous ne voulez pas voir Jane in the Jungle, c'est un Marvel. Oui Jane in the Jungle et Journey into Mystery. Voyons voir, laissez-moi en attraper quelques-uns. Voilà le #6, 7, 8, 9 ,10 et le 12. Journey into Mystery numéro 12? où est le numéro ? Ah voilà.

-Ca me semble suffisamment obscur.
-C'est euh... qui a fait la couverture ? Pas marqué. "A Night In Dragmoor Castle" [1953]. Je me demande pourquoi la personne a choisi ça, s'il pouvait juste choisir un vieux comics d'horreur et pris un numéro au hasard, ce n'est pas ce qu'il faut faire.
-Un autre demande Combat Kelly n°4, quoique ce soit.
-C'est un comics de guerre. Ce que je n'ai pas ce sont les comics de guerre d'Atlas.
-Ok.
-Et de tous les comics, j'ai cherché durant des années un set pour démarrer. J'ai néanmoins les DC War comics, mais pas les Atlas. Ceux-là étaient super, ils avaient John Severett, Rest Heath, ils avaient Al Williams, ah j'aimerais les avoir. J'ai tous les western, l'horreur, c'est ce que c'est, chez Atlas.. N’importe lequel... J’aimerais bien. Il faut que je remette ça là-dedans, je ne veux pas en mettre sur toute la table. Allez-y, je peux parler tout en faisant ça. Je ne peux pas mâcher de chewing-gum [?].
01:27:50
-OK quelqu'un dit je suis curieux à propos de cette valise juste derrière vous sur le sol. Elle ressemble beaucoup à celle que mon père a ramené d'Italie au début des années 60. [Valise au pied de l'étagère centrale, cachée lorsque Don est assis]
-C'est un standard... comment ça s'appelle. C'est comme une malle de l'armée, avec un nom précis. C'est l'un des plus communs casiers. Laissez-moi ranger ça. Il y a bien trop de boites ici. Ah voilà. C'était marrant. Alors. Ici, je peux répondre à ça [il l'ouvre]. Que voulez-vous savoir à ce sujet ? C'est un casier pas cher. J'y mets des choses que j'ai réalisées au lycée, des couvertures... ah ceci est le dessin original.
-La personne ayant posée la question sur Journey into Mystery parce que les couvertures étaient toujours très détaillées, quand Kubert les réalisait.
-Joe Kubert ?
-Oui.
-Non il n'a pas... il était chez DC [pourtant wiki dit que si ^^]

-C'était la couverture d'Army Con, le planning, qui était une convention de fiction de mon crû que j'ai faite en 1976, qui couvrait la TV, films et comics. Je vais essayer de vous le montrer. Vous y trouvez Spider-Man, M. Spock, Napoleon Solo, Picsou, James Bond, Batman, James Kirk, Captain Marvel,et le dernier devait être là car il était mon invité. J'ai en fait engagé DeForest Kelley [Leonard McCoy de Star Trek] pour apparaître dans ma convention. Ici se trouve Picsou, c'était l'idée d'un ami, et il se peut que ce soit l'un de mes premiers dessins de Picsou. Cette boite, ce casier est rempli de choses réalisées au lycée et tous les artworks des Pertwillaby Papers, tous les artworks de Captain Kentucky, qui sont là quelque part. Et tous les scripts.
La suite ?
01:30:28
-Je crois qu'on en a une autre : Vault of Horror #13 de 1950 ?
-Vault of Horror? Oh, c'est EC Comics. Mais pourquoi choisir ça ? Evidemment que j'ai Vault of Horror, je vais vous le montrer car j'adore montrer les EC. C’est juste à côté de moi. Quel numéro ? Le numéro ?
- 13
- Two-Fisted Tales ça c'est un comics de guerre. 13... Si quelqu'un me demande à propos de Vault of Horror, il devrait me demander à propose la première occurrence de Vault of Horror. Où est le numéro, je dois le prouver ? C'est un numéro en noir, l'écran est à l'envers pour moi.
-Ah oui à gauche.
-Voyons... une couverture par Johhny Craig. Joe Kubert ? Jamais bossé pour Atlas comics [encore ? ^^] Ai-je perdu l'esprit ou il a perdu l'esprit ?
-Qui sait ?
-A qui il pense ? Russ [??] ? Je crois qu'il pense à celui-là, Joe Kubert et lui étaient les principaux artistes sur les comics de guerre. Joe Kubert a eu sa propre société, il a fait Core Comics. Ok, ne ... quelle est la suite ?
01:32:18
-Ok alors on a une question qui revient souvent...
-Allez-y.
-On a une question qui revient souvent...quelqu’un veut vraiment savoir si tu n’as jamais réfléchi à terminer l'histoire inachevée de Lance Pertwillaby ? [Knighttime , #139-141, recyclée dans The Once and Future Duck (Fracture Temporelle) Inducks]
-Euh non.
-Aucune envie ?
-Non.

-J'ai eu un message - je suis figé ah ok - il y a environ deux jours, je ne devrais probablement pas le mentionner, un éditeur, avec qui je suis déjà associé, il voulait me contacter parce qu'il avait une idée, peut-être plusieurs. C'est tout ce qu'il a dit. Un projet. Et j'ai répondu, j'ai dit : "J'ai peur que vous soyez déçu, parce que je n'ai plus aucun intérêt dans le processus créatif. J'aime ma vie sous sa forme actuelle. J'ai terminé d'être créatif, je suis de retour en tant que simple fan. Je veux dévouer tout mon temps à être simplement un fan". Et rencontrer d'autres fans, quand on pourra recommencer à faire ça. Ce système a totalement éradiqué n'importe quel intérêt à être créatif. Et je ne sais toujours pas ce qu'il avait en tête.
Donc cette boite dit « Two-Fisted Tales, Vault of Horror et Weird Fantasy Comics 2-14, suite dans la prochaine ». [Il la range]
Oui ?
-Je ne sais pas si cela correspond à tes règles mais on demande Secret Agent for the C.I.A. (Fritz the Cat).
-On parle des années 70 là. [1972] Je n'ai jamais collectionné les comics underground. J'ai peut-être certains des numéros plus anciens. Ils sont juste là. [Montre une petite pile en bas derrière] C'est tout ce que j'ai. Mais encore vous parlez d'un titre des années 70.
-Ok, et que dis-tu de Batman 121, avec la première apparition de Mister Freeze ?
-Celui-là... celui-là... Ok. Ce n'est pas obscur, c'est un numéro très connu. Naturellement j'ai ça, j'ai le seul set complet de Batman. Donnez-moi des titres obscurs ! Je ne veux pas être grossier mais vous passez à côté de dénicher un truc obscur.
-Et je l'admets, pour un européen de pouvoir faire ça, je ne sais pas comment. Alors j'ai commencé à poster un message sur un groupe pour donner certaines règles, pour ce type de défi - je suis encore figé - et l'une des choses que j'ai dites est de ... mes comics... ne prêtez pas des choses qui ont une qualité d'investissement, qui sont célèbres. Je n'aime pas les premiers numéros ou les numéros clés, ou n'importe quel autre numéro, parce que mon objectif est un set complet, pas la valeur de chaque. Pour d'autres collectionneurs américains, ce sont seulement des numéros clés, de valeur, car ils ne considèrent que leur investissement. Ils achètent des comics de la même façon qu'on achèterait... euh que des financiers achèteraient des mutuelles, des actions, chaque année, si j'avais trop de restes. Ils ne considèrent pas... c'est pour ça qu'ils scellent tout dans des boîtes en plastique ! Ils n'ont aucun respect ou intérêt dans ces choses, c'est un investissement pur. C'est pour ça qu'un Batman contre Mr Freeze les intéresse. Evidemment que je l'ai, regardez là : Batman.
- Je crois que je vois une obscure proposition, dont je n'ai jamais entendu parler moi-même, "A girl, A Moon : Romance comics n°9" de 1949 ou proche.
-C'est un des premiers numéros de EC, avant que ça soit EC, de "Moon Girl". Quel numéro ? [Il se lève et prend une boîte]
-N°9, Romance comics.
- [Il trouve un papier sur sa boite] Qu’est-ce que c'est que ça ? Mmmh. Je n'ai pas de comics de romance. Par exemple, DC, j'ai la totalité des numéros publiés par DC entre WWI et 1970, sauf la romance, et il y en a eu quelques-uns. C'est pour les filles. Je n'ai pas non plus les Archie Comics, qui sont aussi pour les filles. Ok j'ai peut-être ce titre. Quel numéro ?
-9.
-Non, c'est Moon Girl, EC Comics, j'ai les numéros 3 et 7. EC avant qu'ils réalisent... je devrais m'exercer avec ces couvertures et reflets. Cette lumière fait un effet à l'écran, désolé. Et c'est une image pleine de reflets de ce que j'essaie de vous montrer. [Pour le coup le sortir du plastique aiderait...]. Je n'ai pas Moon Girl #9. C'est étrange c'est un titre de romance mais on voit des super héros sur la couverture. Ah non c'est du crime... haha. EC Comics essayé plusieurs genres, avant d'avoir du succès en science-fiction et horreur. Ils ont démarré avec Moon Girl, qui est un super héros. C'était à la fin de... il y avait encore des super héros vers la fin des années 40. Cela n'a pas fonctionné, alors ils ont essayé "Moon Girl combat le crime", car les comics de crime étaient très populaires. Et donc ensuite ils ont tenté le genre de la romance, ceux-là étaient populaires. Puis ils ont arrêté et annulé Moon Girl. Elle n'a pas combattu le crime, elle n'a pas battu la romance, comme ces autres super héros. Bon je vais essayer de continuer et parler, mais je vais m'assurer de remettre ceux-là à leur place, au lieu de tout mélanger.
01:39:27
-Est-ce que tu as Crime Patrol #15, dans ce qu'il pense être la première apparition du Crypt Keeper ?
-Crime Patrol #15 ? Ah la fin de la même boîte, ce sont les numéros avant la tendance [Avant qu'EC se stabilise sur un genre précis.]
-Euh non. Non.. Es-tu sûr ? Combien d'Européens veulent voir ça ?
-Aucune idée, mais les gens sont toujours là.

-Crime Patrol #15, voilà. Première apparition, vous le voyez en haut dans le coin. Vous entendez ça ? Ma femme est à l'étage en train de bouger des meubles ! Silence ! Ok ce n'est pas très... c'est un comics assez prisé. Ce n'est toujours pas très obscur mais ça va. J'aime bien l'avoir ressorti. Ok, n'ignore pas tous les gens qui veulent poser des questions.
01:40:45
-Du temps quelqu'un demande si tu as un artiste européen favori ?
-Ici en Amérique nous ne sommes que très peu exposés aux comics européens. [Comics au sens large de bande dessinée, donc BD belge inclue]. Bien sûr j'ai tous les Astérix et les Tintin, dans des boites parce que ceux-là étaient... Tintin était en fait publié aux USA dans les années 50. Je n'ai jamais cherché à les trouver, ni même à savoir s'ils avaient de la valeur, peut-être pas. Les Américains ne savent toujours pas qui il est, mais ils ont été réimprimés dans les années 70. En Grande Bretagne, les Astérix, les premiers sont sortis à la fin des années 60, puis ont été annulés. Des américains ne savent pas quoi faire de ça. Ce n’est ni des super héros ni des animaux drôles, ce sont des gens drôles, qui partent dans des aventures, ouh... donc ça n'était pas américain, mais le style européen : des aventures humaines. C'est ce que je voulais, ce que je voyais pour Picsou. Il a une aventure et c'est drôle. Ah et j'achète toujours les nouveaux Astérix, mais ce sont toujours des éditions britanniques. J'ai aussi Mortimer et Blake, des éditions britanniques, j'en ai quelques-uns qui sont là-haut, dans ma pile de choses à lire. Sur le mur qui regroupe tous mes comics, en trade paperback [souples] et hardcover [rigides] se trouvent un certain nombre de titres européens, mais... On parlait de Pulps, j'ai un set complet de [???] Rodin [?] réimprimés aux USA, c'est allemand n'est-ce pas ?
-Oui
-Ils ont commencé ceux-là à la fin des années 60, et on les suivait comme the Shadow dans des paperbacks, et ceux-là sont rouges, et les premiers... Mission Stardust ! C'est le [??], je m'en souviens encore, j'aime cette histoire. Je les ai tous achetés et j'ai lu ça pendant des années. J'ai encore les numéros en haut et je les montre. A part ça je suis presque aussi ignorant que n'importe quel américain à propos des comics [BD au sens large] européens. J'ai fait ça plusieurs fois ces trente dernières années, je suis dans un magasin et je vois tous ces albums hardback de ces aventures historiques, encore, de la comédie avec des humains, pas des animaux amusants, des comédies qui se déroulent dans le monde réel. Et je suis là :"Oh mon Dieu j'aimerais qu'ils impriment ça en anglais !" Et je ne suis pas comme vous, européens : j'ai à peine une seule langue, pas comme vous qui en parlez 3, 4 ou 5 [bon moins en France ^^] et vous parlez anglais bien mieux que la majorité des américains.
01:44:15
-Ok alors voici quelque chose que nous pourrions éclaircir pour les gens qui ne sont pas familiers des éditions de ton travail incluant un texte de commentaire, car certains demandaient quel était le contexte de du dessin "Hé Daisy, qu'est-il arrivé à Picsou ?" avec la tombe de Picsou ? [lien].

-C'était dans une publication allemande, Der Donaldist, je pense, un fanzine allemand de fans de Donald. Comment décrire un Donaldiste ? Pas réellement un fan... c'est comme la société de la terre plate [OK.. o_O]. Ce sont des gens, qui pour s'amuser, prétendent que les histoires de Carl Barks sont des retranscriptions exactes d'un univers parallèle sur la vie là-bas, et ces gens publient un magazine régulièrement qui parait... tous les combien Jano ?
-Par trimestre je crois.
-L'un est publié à Hambourg, l’autre... une ville plus au sud. Et ils publient des articles savants sur les différents aspects de la vie dans cet univers parallèle. Et donc je crois que c'est là que se trouvait cette image. Bien que je crois que ce n'est pas le genre de choses qu'ils font, parce que non scientifique... Bref c'était bien dans un fanzine allemand, en tout cas un fanzine européen de Donald Duck et je crois qu'ils l'ont fait une autre fois par le passé, où ils donnent à des dessinateurs professionnels ou amateurs une phrase à illustrer. Et la phrase était "Hé Daisy, qu'est-il arrivé à Picsou ?", et les gens, je ne me souviens pas de tous, les artistes, je débutais à peine... 1983 ? Un 'cartooniste' [dessinateur] amateur, et chacun réalise sa part du gâteau sur cette phrase. Et certains étaient drôles, d'autres [???]. Moi comme j'a pris ceci trop sérieusement, un peu comme ces Donaldistes mais d'une façon différente, je l'ai fait, mon approche était la suivante "nous sommes dans une période moderne, 1983, donc Daisy et Donald, et les neveux, des versions adultes des neveux, se penchent sur la tombe de Picsou, qui indique 1867-1967 et lui posent la question du sujet". Et que dit-il ensuite ? Sa dernière aventure pourrait ne jamais être connue... et c'était très marquant, incroyable. Donc je ne sais pas si quelqu’un s'en est soucié, mais ça a été publié dans le magazine avec 10 ou 20 autres illustrations ou histoires, toutes traitant de la même phrase de départ. Donc, dès que nous avons eu Internet, au moment même où Internet a été créé, les gens en ont abusé. Vous savez Internet et les réseaux sociaux sont la pire chose qui soit jamais arrivée sur la planète. Ok on en parlera une autre fois. C'est la chute de la civilisation, on le voit en ce moment. Donc dès qu'Internet a été inventé, les gens ont commencé à balancer cette illustration partout et prétendre que j'étais très morbide et que j'insultais la mémoire de Barks. Et c'est un cas classique de contenu sorti de son contexte, mais personne n'en savait rien puisqu'on pense toujours que si c'est sur Internet c'est que c'est vrai. La seule défense que j'ai pu faire était quand ce dessin a été publié dans la Don Rosa collection, the Don Rosa Library [Fantagraphics], j'ai pu dire calmement de quoi il s'agissait, ce que c'était censé dire et pas ce qu'on lui attribuait par les gens mal informés des réseaux sociaux. Je suppose que c'est une bonne question de répondue, puisque les gens ne connaissent toujours pas le contexte derrière et qu'ils croient tout ce qu'ils voient sur Internet. C'était une bonne question. Changeons de sujet, quelque chose de gentil.
-OK quelqu'un a déjà demandé pour la millionième fois, bien que j’aie déjà demandé de ne pas répéter les mêmes questions, mais en tout cas, quelqu’un demande et peut-être que c'est intéressant pour plus de gens. À propos de ton processus créatif, comment tu fonctionnes ? Tu fais un script ? As-tu des conseils pour des gens qui veulent se lancer correctement ?
-Pas de conseil, je n'en donne jamais parce que je ne sais pas, je n'aime pas mon propre travail, je ne sais pas pourquoi ça fonctionne, je sais que la prochaine case doit être comme-ci et la suivante comme ça, mais je ne sais pas l'expliquer. C'est un sens que j'ai eu en regardant trop de vieux films. Le point important étant "anciens", quand les réalisateurs savaient ce qu'ils faisaient. Les monteurs qui devaient assembler un film, assembler les scènes d'une façon correcte. J'ai dit à Jano que j'espérais que personne ne me demande "Comment créez-vous ça ?". C’est tellement ennuyeux. Mais je devrais y répondre. Vous savez je suis fatigué de répondre aux mêmes questions, tout en sachant que je dois le faire. Ma femme, qui me verra sur Youtube ou des interviews dans des émissions nationales à la TV en Finlande ou Norvège, et quand je rentre elle me dit "Tu réponds aux mêmes questions encore et encore et encore ! Et tu as toujours l'air intéressé, comment fais-tu ça ?" A quoi je réponds "C'est ça le secret. Je dois agir comme si j'étais intéressé. Je suis bien intéressé, mais tellement fatigué de répondre aux mêmes questions." C'est tellement bien quand quelqu'un arrive avec une question vraiment intéressante et inédite. Mais je sais que les anciennes questions, pas tout le monde a entendu la réponse, donc je dois y répondre encore et faire semblant d'y être intéressé.
01:50:50
Alors comment je crée une histoire ? D'abord je vais décider si j'ai besoin de faire... quel genre d’histoire ? Est-ce que ce sera une histoire de Picsou défendant son coffre ? Picsou partant en quête d'un ancien trésor ? Une histoire de gags en 10 pages ? J'essaie d'alterner. Je préfère faire les longues aventures, mais ça prend tellement de temps ! De 3 à 4 mois ! C'est un très long temps entre deux chèques, et ce n'est pas très bon car j'étais très lent. Il faut toujours que je précise ça : la paie est excellente si vous savez travailler vite, mais je ne savais pas, je n'essayais pas d'aller vite. Donc ce que je préfère toujours faire est une recherche d'un ancien trésor. Ensuite je vais à la bibliothèque municipale ou la mienne, un sacré bazar, avec un ensemble allégé de livres d'histoire, illustrés. Je choisis, je ne sais comment décider, une partie du monde, l'Inde par exemple, ou les anciennes cités perdues indiennes. Donc je choisis un coin du monde et j'y cherche des trésors perdus, j'ai beaucoup de livres à ce sujet, avec des trésors de fable ou de légendes, puis j'en choisis un et j'approfondis ma recherche. Et bien sûr je n'ai jamais été engagé pour ça, personne ne m'a imposé de faire des histoires fondées sur des éléments historiques. C'est ce que je faisais car je m'amusais en le faisant. C'est le genre de livres que j'aime lire. C'est le genre d'histoires de Barks que je préfère, qui sont fondées sur des faits et elles étaient, au moins partiellement, exactes. [???] Comme le Casque d'Or [Carl Barks, 1952], je croyais que c'était vrai quand j'étais enfant. Donc je commence mes recherches... oui on ne m'engage pas pour faire des histoires basées sur des faits, mais c'est fun, même si personne ne le sait, je l'apprécie. Et combien de temps puis-je passer là-dessus ? Je lis des livres, des chapitres de livres et je prends des notes. Je copie un certain volume de notes. Et sans savoir si ces idées seraient utiles par la suite. Un dixième seulement, mais j'avais besoin d'écrire tous ces faits. Intéressant, intéressant. Je crois que c'est environ deux semaines. Je fais ça pendant deux semaines, et je me dis "ok, j'ai travaillé sur mon temps propre pendant deux semaines. Je ne suis pas payé pour, donc ça suffit." J'espère alors avoir déniché le meilleur fait intéressant que je puisse trouver et construire une histoire à partir de là. Ensuite je dois écrire l'histoire. D'abord l'intrigue, sans... juste faire des notes sur des pages. Ce que je trouve, c'est qu'on pouvait faire... enfin j'espère qu'il y avait des histoires intéressantes, cela semblait être des histoires très intéressantes en prenant des faits historiques et les mélanger entre eux d'une certaine façon à ce qu'on obtienne quelque chose de neuf, qui les lie ensemble, fondé sur l'Histoire. Et j'adore ça, c'est pourquoi je préfère particulièrement ces histoires. Et la meilleure chose que j'ai trouvé, c'est que les livres d'histoires ne sont pas nécessairement remplis de vérité. Ils sont remplis d'opinions d'historiens reconnus sur ce que la vérité est. Et ces historiens reconnus ne le sont qu'à moins de produire et de présenter les faits en tant que vérité. De façon qu'ils soient indiscutables. Et je trouve que parfois j'avais des... parfois comme l'histoire avec les découvertes supposées de l'Amérique du Nord, antérieures à Christophe Colomb [Les cartes perdues de Christophe Colomb, 1995]. Et bien sûr il y en a eu. J'ai trouvé 5 ou 10 théories différentes d'historiens reconnus. Probablement pas toutes vraies, mais pas complètement bancales non plus. Alors je les ai réunies, peut-être car je n'ai pas vraiment aimé cette histoire, mais pour l'exemple, car il y a trop de faits intéressants à la fois. Donc nous avons maintenant une intrigue. Ce que je fais, c'est que j'ai un certain nombre de pages, comme tout le monde dans les comics. On a un temps presque illimité, mais un nombre de pages est gaspillé en pleine page et grandes cases. C’est ok pour certains, mais j'ai un nombre précis de pages à utiliser, parfois 24 pages, et plus tard un peu plus, 30 pages. Mais c'est toujours un certain nombre. Et je devais faire la disposition [layout] sur des petites feuilles [feuilles de machine à écrire, A4 ? comparées aux grandes pages de travail des comics, qui sont ensuite réduites à l'impression]. Dans des gribouillages de cases, je dois me montrer ce qu'il se passe dans chaque case, avant de démarrer. Et je le fais d’une façon particulière : les deux plus intéressantes, les deux plus importantes parties de l'histoire sont le début et la fin.
Maintenant on arrive à quelque chose que les films d'action américains modernes ont complètement perdu de vue. Il faut une bonne fin, une fin ferme et un bon début. Et au milieu se trouve juste de l'action, dans mes comics de l'humour, et ce n'est pas important. Vous savez, deux scènes d'action, trois scènes d'action, ça ne compte pas, ce sont juste des éléments qu'on oublie entre les deux points A et B. Vous savez dans les films américains d'action, c'est la partie essentielle et centrale : l'action, qui est la plus importante de nos jours. J'aime de la bonne action, mais il y a environ 10 ou 15 ans, en regardant ces films, j'ai commencé à trouver le temps long et à regarder ma montre en me disant, allez, avancez, on s'ennuie ! Pour moi en tout cas.
Alors je devrais littéralement... si je connais l'histoire, la seule case que je connais est la dernière case. Je sais exactement comment l'histoire se termine. Peut-être le dernier gag, ou ... Je me fais une note sur ce que cette dernière case doit être. Et si je connais celle-là, je connais la précédente, et ainsi de suite. Donc littéralement je travaille en écrivant des notes sur le contenu de chaque case en partant de la dernière, à l'envers, jusqu'à atteindre environ le centre, la moitié de l'histoire. Puis je me rends à la seconde partie la plus importante de l'histoire, le début. Une histoire ne peut pas démarrer directement avec Picsou qui est déjà à la recherche d'un trésor, parce qu'ensuite vous ne vous y intéressez pas. On doit voir Picsou, ou si c'est Donald, être chez lui ou dans son bureau, rien ne se passe. Puis quelque chose attire son attention, et donc la nôtre. Cela se développe sur quelques pages. Au fur et à mesure que les personnages s'intéressent, nous devenons aussi intéressés. Une case à la fois, jusqu'à arriver à la fin ? Non. J'arrive au travail intermédiaire : une scène d'action ici, un peu d'humour par là. Peut-être des moments clés que j'ai besoin de placer, et des scènes d'action. L'étape suivante, j'ai cette histoire, l'étape suivante, c'est d'avoir ces soi-disant copies de feuilles à nouveau [son storyboard, canevas], et maintenant chaque feuille - les précédentes, chaque page prenait environ 6 ou 9, je crois que c'était 9 cases. Et je les place sur une seule feuille pour les agencer. Je sais alors ce qu'il se trouvera sur chaque page, je place le texte dans les dialogues, et je reviens et dessine une ébauche de ce que font les personnages. Pour donner leur position et expressions. C'est pour ça que ce que je fais est incorrect.
01:59:40
Ce n'est pas la façon de créer des comics. Les comics sont créés comme ça : l'auteur s'adresse d'abord à l'éditeur, je vais faire une histoire à ce sujet, et lui donne un synopsis en un paragraphe. L'éditeur dit alors ok, changez ceci ou cela, et l'auteur dit alors voici un ou deux pages du traitement de cette histoire [échantillon ?]. L’éditeur dit ok, ajoutez ou changez ceci ou cela, puis on écrit l'histoire. Je ne ferais rien de tout ça, parce que ce n'est pas amusant. Je voulais présenter mon histoire complète à mon éditeur, Byron Erickson [Another Rainbow, Gladstone puis Edgmont] comme un comics complètement terminé, un produit fini. Pas complètement dessiné et détaillé, mais complet. Je le dessinais assez vite pour qu'il sache ce qui allait se passer. Et c'est la première fois qu'il le voit, alors je peux zapper - ce que n'importe quel autre auteur dirait, et si tu devais tout recommencer à zéro ? Cela n'arrive pas. Je le traitais en tant que fan de canard, juste avec des petits éléments, jusqu'à voir l'ensemble terminé. Et à deux ou trois occasions, il disait non. Et je devais alors refaire un travail de 3, 4 ou 5 semaines. D'ailleurs je ne le savais pas à l'époque, mais finalement les histoires rejetées par un éditeur étaient publiées par un autre, donc je n'ai jamais réellement perdu du temps sur un projet non publié. Sauf l'histoire de Screwball, où Donald Duck se rend à Walt Disney World [The Starstruck Duck Inducks], les studios MGM,et Bruce Hamilton.

-The Starstruck Duck.
-Oui. Et le problème ici n'était pas Bruce Hamilton, parce que de tous les gens... J'ai grandi avec les comics, qui étaient conçus pour faire la promotion de Disney World, enfin non bien sûr, Disneyland ! [Disneyland a été conçu par Walt Disney en 1955 et se trouve en Californie, alors que Walt Disney World Resort se trouve en Floride et date de 1971]. Et les histoires, dont certaines de Barks, le comics débute avec Mickey ou Donald se trouvant à Disneyland ou Picsou dans le parc, disant que telle attraction lui rappelle l'époque où... Et on enchainait avec l'histoire. Il n'y avait rien à y faire. C'est une façon plus censée de le faire. Mais mon idée était de faire une histoire qui fasse la promotion de tout ce nouveau studio MGM, ce parc à thèmes. C'était une bien meilleure idée. Donc j'ai trouvé une aventure qui prenait place dans ce parc, et on visitait chaque manège et attraction, qui est partie intégrante de l'action. Et [??] a adoré ça, il l'a soumis à Disney et c'est revenu rejeté, sous prétexte que trop commercial. Je n'ai jamais su ce que ça signifiait, je m'en fichais. Disney causait toujours des problèmes de toute façon, je ne voulais pas être un... et je ne voulais pas leur permettre d'être dans une position qui leur permette d'approuver ou désapprouver mon travail. Alors j'ai dit que je quittais ce projet.
02:02:00
Ok je suis de retour, alors j'ai fait l'histoire et je l'ai soumise à Byron, quelques fois il la rejetait, quelques fois il demandait de développer une partie. Et deux fois je me rappelle, quand j'ai fait le King of the Klondike [Le Prospecteur de la vallée de l'Agonie blanche, Inducks], dans la Jeunesse de Picsou. Et j'avais Picsou qui interagissait avec... c'était comme se fonder sur Destry Rides Again [western 1959, "Femme ou Démon"], avec Jimmy Stuart [James Stuart], avec Grand-Mère Donald impliquée, et ses enfants, et... Bref j'ai fait ça et Byron le trouvait ok, mais comme une grande famille heureuse qui a juste une aventure. Tu sais et je sais, tu sais que cela doit être le moment le plus difficile de toute la vie de Picsou, ce doit être celui dans lequel il devient enfin riche et ça ne peut pas être facile. Cela doit être rude, un psycho drame. Ok. Donc j'espère que vous avez vu ce que c'est devenu. Mais il avait raison. Et l'autre fois, je crois qu'il m’a juste fait ajouter des pages à une histoire, c'était "Une lettre de la maison", une de mes dernières histoires. Et à la fin j’avais... je croyais faire une erreur, cela devenait trop émotionnel, trop de psychodrame. Je lui ai dit et il m'a répondu d'ajouter des pages à la fin, plus dans cette veine. Je pense qu'il avait raison à l'époque. Les gens trouvent que c'est ma meilleure histoire. On a pensé que c'était le dernier épisode de la Jeunesse de Picsou, c'est pour ça qu'on l'a inclus dans les nouvelles éditions. En fait d'ailleurs il va être inclus dans toutes les futures parutions de la Jeunesse, dans le volume Companion, avec les chapitres bis.
02:04:45
Voilà mais après ça c'est juste le plus gros du travail, je dois couper mon propre papier, je crois que tous les autres dessinateurs de comics sont fournis en papier, c'est une façon de... enfin c'est une chose sympa que l'éditeur peut faire. J'ai une autre anecdote à ce sujet. Rappelle-le-moi, Jano ! Fournir mon propre papier. J'achetais mon propre papier car je n'aimais pas le leur. Je voulais du papier d'archive, le mien est 100% sans acide,3 épaisseurs, de chez Strathmore, plate finish (extra doux), qui dure pour toujours sans devenir blanc, euh jaune. J'achetais des feuilles immenses, de 3 pieds de haut [90cm] par 2,5 pieds [60cm]. Et là-dedans je devais découper ma propre feuille, avec mes propres marges, et y dessiner mes propres bulles. Mais qu'est-ce que je faisais en premier ? Cela fait déjà tellement longtemps que je n'ai pas fait ça. En tout cas je dessinais l'histoire, et ne commencez pas... c'est une autre question de dire avec quel genre de stylos je dessinais, aucun n'était de la bonne sorte, aucun n'était approprié, j'utilisais des stylos d'ingénieur, des stylos de calligraphie. Un vrai artiste tel que, Eroll Mitton [???] utiliserait un seul pinceau pour tout. Moi j'avais besoin de 7 stylos différents sur chaque case ! Parce que je ne savais pas ce que je faisais. Et c'est pour ça que ça me prenait si longtemps, c'est l'une des nombreuses raisons.
Donc ensuite je traçais au crayon, j'encrais les bulles de mots [phylactères, mais c'est plus sympa ballon ou bulle] , il fallait deviner la taille nécessaire aux bulles. Ils disaient de laisser le plus possible de lignes, de l'espace pour le plus possible de lignes pour un texte en anglais, et d'ajouter une ligne pour le finnois. Donc je démarrais... j'avais les mesures notées, je récitais le dialogue à moi-même et tirais un trait pour chaque mot. Cela ne veut pas dire qu'un mot européen est plus long ou court qu'un américain. Si j'arrivais à 3 lignes, j'en ajoutais une 4e. La ligne en plus pour la Finlande. Et je dessinais la bulle autour. Tristement, je pensais que mes bulles prenaient trop de place, je devais les placer, mais les mots ne s'y trouvaient jamais. Dans tous les comics américains, les mots sont bien dans les bulles. Les miens étaient vides car je travaillais pour une compagnie internationale. Donc je les traçais au crayon, y revenais pour les encrer. En tout cas, tout ceci pouvait prendre jusqu' à 4 ou 5 mois. Et ensuite je l'envoyais en Europe et j'espérais être payé pour. Et j'écrivais sur un post-it combien ils me devaient, le collais au bureau et m'attelais au projet suivant. Immédiatement.
02:07:52
Je vois vous raconter l'histoire de comment j'achetais mon propre papier. Avant d'en venir à travailler pour l'Europe, avant que l'Europe ne me contacte, j'ai fini par démissionner de chez Gladstone, à cause des interférences qu’ils recevaient de la part de Disney. Stupides interférences. Interférences d'intimidation. Donc j'ai démissionné. La raison principale de ma démission c'est qu'ils m'avaient dit qu'ils conservaient mes planches, ils n'ont pas le droit, c’est illégal. Mais Gladstone a dû s'y plier car c'était Disney, ils n'avaient pas le choix. Je ne pouvais travailler pour une société qui volait ma propriété. C'est quand j'ai démissionné de chez eux, et j'ai eu l'opportunité de travailler pour Egmont, ce qui est une toute autre histoire. Bob Coster [??], chez, qui travaillait pour Disney, voulait que je réalise une histoire, il voulait que je travaille pour Disney et je crois que je lui ai dit que je ferai une histoire, une de 10 pages de gags, pour montrer ma bonne volonté et que j'en ferai plus si Disney revenait sur ses conditions. Pour être à jour avec le XXe siècle. Au lieu du XIXe siècle, en tout cas très en retard sur le sujet. XVe peut-être ? J'ai donc réalisé Cash Flow [L'argent coule à flots, Inducks], je l'ai envoyée, et ils ont dit qu'ils conserveraient les planches, on en débattra plus tard. Plus tard j'ai été payé pour cela, et encore plus tard on a réalisé qu'ils n'enverraient pas les planches. Sauf qu'ils n'avaient pas payé pour le papier. Donc je pouvais potentiellement prétendre que c'était ma propriété, car ils ne m'avaient pas payé séparément pour les feuilles sur lesquelles se trouvaient mon art. Alors ils m'ont envoyé un autre chèque, pour genre 10$, pour couvrir le prix du papier, afin de pouvoir conserver les planches. Ils ne l'ont pas toujours [???].
02:10:00
A quoi je répondais déjà ? Alors ensuite j'envoyais l'histoire, et six mois plus tard je la voyais publiée, et à cette époque je la vois publiée dans de mauvaises couleurs, et parfois ils utilisaient un autre artwork et des parties de mise en épisodes [je crois que c'est lorsqu'une histoire est coupée en plusieurs parties, une case en plus de résumé est insérée au début de la suite]. Et j'ai ensuite découvert qu'ils n'utilisaient même pas mon script original. C'est à ce moment que j'ai commencé à déposer mon nom, et qu'ils ont voulu faire des réimpressions en hardcover. C'est pour cette raison que vous avez des éditions comme Fantagraphics "Don Rosa Library" et toutes les imitations européennes. Des imitations, non pas des imitations, des copies, des versions, qui montraient mon travail, enfin après 30 ans, comme je l'avais pensé, coloré comme je le voulais, présenté comme je le souhaitais avec la bonne illustration, lettré comme je voulais, avec les écritures des décors en anglais, cela se déroule au Canada ou le Yukon, la plupart des panneaux et enseignes qui avant étaient traduites en finnois ou suédois. Les effets sonores [onomatopées] étaient bien réalisés, Egmont était incapable d'en faire des corrects à cause de leur système. Ils ne pouvaient pas placer des effets sonores noirs et ils ne pouvaient le faire que d'une seule police. C'était dans l'ancien temps, donc... Comme ils n'étaient pas organisés pour produire des comics de qualité pour des lecteurs de qualité, ils produisaient pour vendre rapidement aux enfants un grand nombre de comics chaque semaine. Mais bon tout ça c'était il y a 30 ans. Maintenant ça va. Et... et c'était le... c'est pourquoi j'ai mis ce chapeau [de père Noël] sur la tête. Cette frustration pendant 30 ans a fait tomber tous mes cheveux. Ils sont devenus blancs, et j'aime bien ça. Cela devient... Jano devrait parler de son édition allemande de Don Rosa Library, qui est encore meilleure que l'édition américaine, même si c'est dans une langue étrange, un charabia.
-Un truc allemand étrange.
-Mais il s'occupe même d'améliorer des points que je ne voulais même pas me soucier d'essayer de traiter chez Fantagraphics, vous savez, comme améliorer les couleurs, et pas simplement les corriger. Cela sortira peut-être mieux dans cette couleur ou... Qu’as-tu fait d'autre ? La couleur surtout.
-La continuité, pour que tout soit d'une même couleur d'une histoire à l'autre.
-Ok, c’est bien, donc j'ai répondu à la question "Comment faire un comic book ?" C'est pourquoi je ne donne jamais de conseils, de dire ne faire ou pas faire, si les gens me disent voilà j'ai dessiné ça comme vous le faites, les directeurs artistiques et les éditeurs n'apprécient pas mon dessin. Vous ne serez pas engagés si vous dessinez comme moi. Ils m'ont donné une chance par inadvertance, et j'ai pu apprécier les gens qui aiment l'aspect immature de mon art, les détails supplémentaires, ça ne le rend pas meilleur mais plus divertissant. Et je pense aussi que Disney, a une fois dit à Egmont, plus de Don Rosa. On veut des trucs qui soient mignons et des câlins désormais. Ok, quelle est la suite ?
02:13:30
-Je ne vais pas y passer toute la journée non plus.
-Non mais Don qu'en penses-tu, devons-nous arrêter là pour aujourd'hui ? Cela fait 2h, devons-nous garder le reste pour la prochaine fois ?
-Quand veux-tu arrêter ?
-Je pense que 2h suffisent, car les gens commencent à dire qu'ils doivent aller au lit maintenant. Donc autant finir pour ce soir et faire un autre live prochainement ?
-D'accord, je suis déçu. Un dernier comics ? Quelqu'un a un dernier comics à me faire chercher ?
-Ok un dernier défi pour Don. Un très obscur. Qu'est-ce que ça sera ?
-Obscur, pas précieux.
-Personne ne dit rien. Avez-vous Rip Hunter Time Master #25 de 1965 ?
-Ok. Euh... R, Rip Hunter, là en bas. Ah non donc c'est de l'autre côté. Rip Hunter, c'était juste à côté de moi, avec Rudolph le renne au nez rouge. Voyez, Rip Hunter, premier numéro. Lequel il fallait ? 25 ?
-25 oui.
-Voilà, vous le voyez si je le tiens si loin ?

-Oui ne voit pas le numéro mais on voit la couverture.
-Je m'approche pour montrer le numéro, où est la caméra, voilà, 25.
-Ah oui, numéro 25.
-Ok maintenant tu peux dire qu'on a terminé. Quelle heure... commencé à 8, il est 10 heures.
-Ici en Allemagne il est 21h15, à l'heure d'Europe (CET).
-Je peux vous libérer, ici c'est encore tôt donc je suis plein d'énergie. Je peux venir ici et chercher des comics obscurs toute la journée c'est sympa comme boulot.
-OK alors quoi, on déconnecte ?
-Je pense que oui, merci tout le monde de nous avoir suivis, merci pour vos soutiens sur Ko-Fi, merci pour toutes les longues questions, on n'a pas pu toutes les traiter mais j'espère qu'on en a traité des intéressantes.
-J'espère que c'était au moins divertissant.
-Je pense que les gens ont ri, dans les commentaires, qui demandaient des réponses encore plus longues.
-Vois si on a fait ça bien.
-Oui.
-Est-ce que je pourrai revenir et relire tous ces commentaires ?
-Je pense que tu pourras le faire oui, sur YouTube et Facebook.
-Oh ok.
-On a des retours : merci, merci, c'était super.
-Facile !
-On va préparer une prochaine émission/diffusion et on vous préviendra sur les réseaux. On reviendra depuis le studio peut-être ou la bibliothèque, qui sait. Si vous avez d'autres questions entre temps, mettez-les en commentaires et nous les regarderons pour y répondre la prochaine fois. Aussi ce que nous pourrions peut-être faire à l'avenir est de laisser certains d'entre vous [à l'écran] qui auraient des questions assez pertinentes en live avec nous, vous pourrez rejoindre le live et poser vos questions en personne. Peut-être, on verra. C'est tout pour aujourd'hui. Merci de nous avoir rejoints sur Facebook & YouTube. Vous pouvez nous joindre sur Facebook, Twitter, Instagram.
Passez un joyeux Noël si on ne se voit pas d'ici là, à la prochaine fois, bye !
Retranscrit par mes soins - jb18v.